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LESCRETS FRUITS ET POMOLOGIE LA POMME THE APPLE
 

 

Variétés cultivées chez les Romains.

Selon André LEROY.

NOTA. - Nous ferons suivre de courtes remarques les variétés dont l'origine  ou le nom paraîtra nécessiter quelques éclaircissements.
Les pommes romaines sont mieux connues que les ponmes grecques, puisqu'il
m'a été possible d'en retrouver vingt-six variétés, dont je vais donner les noms
en les classant chronologiquement.
.Caton fut à Rome le premier agronome qui parla du pommier ( de Ré rustica ,
chap, vII) ; 178 ans avant J. C, il conseilla de planter dans les vergers, comme
étant de longue garde, l'espèce ci-après, la seule qu'il ait mentionnée :
1, la musteum, ou mustée.
0n la nommait ainsi pour la douceur de ses fruits, qui rappelait celle du moût, ou vin nouveau; voilà pourquoi quelques traducteurs les surnommèrent Pommes vineuses.
Elles semblent identiques avec les Mélimèles des Grecs. C'est bien à tort que les Mala Struthea ,  les cotonea Scantiana et Quiriniana, dont Caton parle également au chapitre VII ont été  prises pour des pommes. Ce sont des coings; et le texte le dit si nettement, qu'on s'étonne qu'une telle erreur ait eu lieu.

Varron, venu plus d'un siècle après Caton, n'ajouta dans son Economie rurale (livre I, chap. VII et LIX) que deux noms de pommes au précédent :

    2. Les Orbiculata , ou Rondes.

Elles sont généralement réunies à la variété dite aujourd'hui, Rosat blanc, et décrite dans notre quatrième volume, auquel nous renvoyons pour tout detail complémentaire.

3. Les Bifera, ou pommes de Deux Fois l'An, cultivées dans Les environs de Consentia.

Nous avons un poirier du nom de Deux Fois l'An, (voir son article, t. II p.. 21 ), dont la seconde fructification, qui s'achève au commencement de l'automne, mûrit très-difficilement, mais je ne connais pas de pommier bifère. On aperçoit bien quelquefois, parmi les pommiers précoces, certains sujets dont Les branches au mois de septembre, portent de nouveaux fruits; seulement ces fruits sont peu nombreux, atrophiés, et jamais ne parviennent a maturité. Sous le ciel de l'ltalie, ces mêmes pommiers seraient-ils plus favorisés ? J'en doute beaucoup... La ville de Consentia, près de laquelle on rencontrait Les Bifera signalés par Varron, est située dans la Calabre et présentement appelée Cosenza.

Columelle, dont Les ouvrages agricoles datent de l'An, 42 de notre ère, signale huit sortes de pommes (Livre V, chap. x), desquelles font partie le n°s 1, et 2 ci-dessus; nous n'en avons alors que six à enregistrer:

4 La Scandianum, ou Scandienno.

Pline declare qu'elle fut propagée et Baptisée par un certain Scandius, sur lequel tous Les biographes sont muets. Toutefois, ne tenant aucun compte de Ce renseignement, plusieurs traducteurs ont fait cette variété originaire de la petite ville de Scandiano, situco dans l'ancien duché de Modène.

5. La Matianum, ou Matienne..

L'appelant la mémoire de C. Matius, économiste Romain, que Columelle (Livre XII,, c'hapitre XLIV)) dit avoir composé trois ouvrages intitulés: le Cuisinier, le Poissonnier le Confiseur de saumures. Pour autres particularités sur la Matienne, consulter ci-après, page 237, I'article Court-Pendu gris. ]

6. La Pelusianum, ou de Peluse.

 (Venue de Pelusium, actuellement Belbeïs ville de la basse Egypte.)

7. L'Amerinum, ou d'Améria.

Elle provenait d'Amélia, l'ancienne Amerium, localité avoisinant Spoleto, dans Les Etats de l'Eglise, et qui avait aussi Donné son nom à certaine poire romaine, très-tardive, dont j'ai parle page 38 du tome 1er de ce dictionnaire ]

8. La Syricum, ou Rouge, ou de Syrie.

Pline dit formellement que cette pomme fut ainsi nommée pour sa couleur rouge;
plusieurs traducteurs, ne tenant aucun compte de ce renseignement, ont néanmoins rendu Malum Syricum par Pomme de Syrie. Le mot Syricus se Prête, du reste, à l'une et à l'autre de ces deux versions.

9 La Sextianum, ou Sextienne, ou Gestienne par corruption.

Dédiée au consul Lucius Sextius, auquel le poète Horace, son ami, consacre une de ses odes, la 4° du livre 1er. Voir pour détails historiques concernant ce fruit, notre article Court- gris p. 237 de ce volume.

Pline dans son Historia naturalis, qui remonte à l'an 80 de l'ère chrétienne, annonce au chapitre XIV du livre XV qu'il va décrire trente espèces de pommes; mais comme ]e mot malum s'appliquait alors, ainsi que le mot pomum, à tous les fruitS arrondis et charnus, parmi ces trente especes ou trouve des coings, des pêches, des citrons même, qu'on doit naturellement en retrancher. Cette élimination faite - personne encore ne l'avait établie - reste vingt-quatre pommiers, desquels il faut aussi supprimer ceux au nombre de sept, dont les noms sont déjà passés sous nos yeux. Somme toute, Pline n'a donc vraiment signalé le premier, que dix-sept variétés de pommes. En voici les noms, suivis des observations ou descriptions qui dans le texte latin y sont jointes :

10. La Manlium, ou Manlienne, portant le nom do son obtenteur.

ce personnage appartenait à l'illustre famille patricienne des Manlius, qui fournit aux Romains tant de consuls de genéraux et de tribuns.

11. les A ppiana, ou les Appiennes, greffées et propagées par Appius Claudius; et ont la peau rouge, l'odeur du coing et le même volume que les pommes de Scandius (citées plus haut sous le n°4).

Appius Claudins était issu de la maison des Claude, si célèbre dans l'histoire romaine; trompés par la similitude des noms Appius et Api, la plupart des pomologues ont fait d'Apius Claudius l'obtenteur de notre jolie petite pomme d'Api. Nous prouvons ci-apres ( aux pp. 65, 66 et 74 que leur opinion n'a pas le moindre fondement.

12. les Sceptiana, ou Sceptiennes, auxquelles Sceptius, fils d'affranchi, donna son nom, et qui sont remarquables par leur forme ronde.

[On ne sait rien sur ce Sceptius; Pline seul en a révélé l'existence dans le court passage traduit. ]

13 les Petisia, ou Petisiennes, importées à Rome du vivant de Pline - selon que cet auteur le constate - elles étaient peu volumineuses, mais excellentes.

[Aucun Petisius ne se trouve cité par les biographes qui se sont occupés des Romains. J'ai so uvent pensé, Pline affirmant que cette pomme ne venait pas des jardins de Rome, qu'il fal lait lire Petilia et non Petisia. il existait en effet une petite ville appelée Pétilie, située d ans la Calabre ou Grande Grèce, contrée d'ou les Romains avaient déja tiré la variété suiva nte. Voir aussi, pour détails relatifs aux Petisiennes, les pages 66 et 237 de ce llle volume, et la page 523 du Ive.


   

14 les Groecula ou Grecques, dont la bonté faisait honneur à leur Patrie.

Le sentiment général est qu'elles sortaient du territoire de Tarente, jadis république fort importante de la portion de l'ltalie alors appelée la Grande Grèce.
15 Les Gemella, ou Jumelles, ne croissant jamais que géminées, qu'attachées
  deux à deux sur un seul pédoncule.    [On a vu quelquefois des pommes, et surtout des cerises, offrir cette singularité; mais
  personne encore, chez nous, n'a parlé d'un pommier dont tous Les fruits possédassent ce caractère. ]
  16. Les Melapia, ou Mélapies , ainsi dites de leur ressemblance avec Les poires.   (Consulter, sur ces Mélapies, notre tome IV (pp 575-576) à l'article pomme-poire.)
  17. Les Melimela, ou Mélimèles, du moins Les pommes auxquelles mes conci-   toyens donnent maintenant ce nom, possèdent la saveur du miel.   [Pline laisse entendre ici que ces Mélimèles sont différentes des Melimèles mentionnées   par Les agronomes qui l'ont précédé. Cette question, qui échappe à tout examen, quelques   auteurs ont cependant, il y a plusieurs siècles, voulu la résoudre. Comme alors je n'ai pu   la passer sous silence, je renvoie à mon historique de la Pomme de Paradis (t. IV, p. 523),   où elle est traitée, ceux dont l'esprit s'en préoccuperait. ]    18. Les Epirotica, ou pommes d'épire, indiquant leur origine hellénique par le
  nom même qu'elles tiennent des Grecs.
  [Les Romains rapportèrent cette variété de la Grèce, où sa culture s'était généralisée. Dans le précédent paragraphe, consacré aux pommiers grecs, nous avons parlé de celui-ci, qui   s'y trouve classé sous le no 6.]
     19. Les Orthomastia, ou Orthomasties, ayant la forme d'un sein.
  [ Jacques Daléchamp (I 586), en son Historia plantarum generalis, a rapporté Les Osthomastia aux Taponnes; mais rien n'autorisait ce rapprochement; bien au contraire, puisque Les Taponnes, on l'a rcconnu plus tard ( voir ci-aprés, p. 173 ), sont Les mêmes que le Calleville
 blanc d'Hiver, si loin, avec ses côtes nombreuses et sa forme irrégulière, de ressembler au
 sein d'une femme. ]

  2O. Les Spadonia, ou Châtrées des Belges, qui leur ont donné ce nom parce
  qu'elles sont dénuées de pepins.   [Voir au sujet de cette curicuse pomme et de son assimilation à l'une des variétés présen- tement cultivées, nos articles Pomme-Figue d'hiver (t. III , p. 305) et Passe-Pomme d'été   (t. IV, p. 531), nous y donnons tous Les renseignements désirables.]
  21. Les Melofolia, ou pommes Feuillues, auxquelles il sort une feuille, et par-   fois deux, du milieu des côtés.
  [ce passage de Pline doit jadis avoir subi quelqu'altération de la part des copistes; évidemment le grand naturaliste a dit qu'au centre de l'oeil des Melofolia, et non pas au milieu  de chacun de leurs côtés, il poussait une ou deux feuilles. Ainsi interprété le texte devient
 acceptable; autrement, nul horticulteur ne saurait l'admettre. Et Les traducteurs et com-   mentateurs de Pline l'ont si bien compris, qu'ils n'ont jamais essayé de rattacher la Melofolium  à l'une quelconque des pommes modernes.]

22.Les Pannucea, ou Ridées, dont la peau se plisse et se fane très-vite.

De nos jours on a supposé que ce fruit était identique avec la pomme de Glace d'Hiver,ou de Gelée, des Provençaux. Je dois affirmer le contraire, car cette dernière conserve sa très-lisse jusqu'à son point extrême do maturité (février), puis est originaire de Cobourg (Saxe) et remonte, non pas aux Romains, mais simplement au XVIe siècle, ainsi nous l'avons constaté page 325 du présent volume ]

 23. Les Pulmonea, ou Pulmonées, très-grosses et d'une chair spongieuse.

[Jacques Daléchamp, cité plus haut (no 19), veut que les Pulmonea soient les mêmes que certaines Pommes appelées Folanes, au XVI° siècle. Je rapporte son dire sans le commenter, n'ayant jamais pu rencontrer, sur ces Folanes, le moindre renseignement. ]

24. Les Sanguines, ou Pommes Couleur de Sang - coloris qu'elles doivent, suivant Pline, à leur multiplication sur le murier - sont une sous-variété des Pulmonées.
[Divers auteurs ont cru la retrouver dans l'espèce nommée depuis longtemps Cœur de boeuf, et décrite ci-après, pages 226-228, article auquel on voudra bien recourir pour connaitre opinion quant à son origine. ]

25. Les Sylvestria, ou Pommes des Bois, petites, très-odorantes, de saveur agréable, mais tellement âpres et acides, qu'à les couper le couteau s'oxide.

[ encore nous avons traduit mot à mot le texte de Pline, quoiqu'assurément il soit fautif, car on ne saurait, d'après lui, déclarer que les fruits du Malus Silvestris, possèdent une saveur agréable malgré leur extrême acidité, allant jusqu'à corroder l'acier. La vérité, c'est que les Pommes sauvages sont un manger exécrable et méritent bien le surnom d'Estrangleuse qui jadis leur fut donné ]

26. Enfln les Farina, ou Farineuses, les moins estimées, et cependant qu'on doit se hâter de cueillir, comme les plus précoces de toutes.

[Voir tome IV, page 531, ce qu'à l'historique de la Passe-Pomme d'été je dis des Pommes farineuses, de Pline. ]

Cette liste examinée, peut-être se demandera-t-on si les Romains n'ont vraiment possédé que les vingt-six variétés qui y sont inscrites?

Nous répondons par anticipation: — Ils durent en posséder un plus grand nombre; car chez eux, quand surtout commenca la décadence de l'empire, on payait des sommes folles le moindre fruit; on se ruinait pour la table, le luxe, les jardins. Du reste, longtemps après Pline, au Ve siècle, Palladius laissait clairement entrevoir dans son receuil agricole (livre III, chap. XXV) la riehesse en pommiers des vergers romains, mais sans l'énumérer; disant en sa simplicité:
toutes ces espèces, je crois inutile de les mentionner.  Ce  silence me semble au fond, peu regrettable, les anciens agronomcs ayant toujours trop brièvement parlé des arbres fruitiers. Ou donc serait l'intérêt, que Palladius nous eût transmis les noms d'une cinquantaine de pommes, sans les accompagner de descriptions sufftsantes pour rechercher si ces fruits sont ou ne sont pas venus jusqu'à nous?

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